Interview de Fabrice Flamend (Pomme de terre)

Fabrice Flamend – KR effectif photo 2018

Implantée en plein cœur de la Hesbaye namuroise, la ferme Flamend exploite de grandes cultures (froment, betteraves, chicorée, lin, …) et de maraîchage (carottes, haricots, fèves des marais, oignons, …). Fabrice Flamend est également membre d’une Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole.


1) Selon vous, pourquoi est-ce important de mieux faire connaitre votre métier aux consommateurs ?

« Je pense qu’il y a beaucoup de malentendus au niveau des consommateurs parce qu’ils connaissent très mal le métier d’agriculteur. Je pense que nous sommes un peu responsables aussi car dans le passé, on ne communiquait pas assez. Maintenant, on essaie de le faire mais il est vrai que c’est très compliqué. Il y a vraiment une méconnaissance du métier par les consommateurs. »

2) Quel est le sujet sur lequel il vous parait le plus important de combattre les préjugés ?

« Je pense que c’est sur la réflexion agriculteur-pollueur. Il y a vraiment beaucoup à communiquer et à expliquer aux gens, le pourquoi de nos pratiques, premièrement, et l’évolution des pratiques. Elles ont évolué dans le bon sens par rapport à ce qui était fait dans la génération précédente, sans la critiquer. On leur a demandé de produire beaucoup avec les phytos que l’on avait, etc. Parce qu’ils manquaient d’alimentation et ils l’ont fait sans, peut-être, savoir ce qu’ils faisaient. Ici, on se rend compte de certaines choses donc ça évolue très fortement dans le métier. Je pense qu’il faut vraiment expliquer le pourquoi, que ça soit au niveau des phytos, au niveau des engrais, au niveau de l’irrigation… Car je fais de l’irrigation et il y a certaines personnes qui se plaignent mais quand on leur explique le pourquoi … J’ai toujours un bel exemple en pommes de terre. Il y a vingt ans, les petites pommes de terre, les grenailles comme on les appelle, étaient données aux cochons. Maintenant, tout le monde se bat pour acheter des grenailles dans les magasins pour avoir des petites pommes de terre, qui sont très bonnes. Mais pour avoir une belle pomme de terre, avec une belle peau, etc. Il faut que la butte soit tout le temps humide, donc on arrose beaucoup pour faire des grenailles. Et quand on explique cela aux gens, ils nous répondent qu’ils ne s’en rendaient pas compte. Il faut pouvoir l’expliquer, je l’ai déjà pas mal fait avec mes voisins, cela permet d’éviter les préjugés. »

3) Quel est le sujet sur lequel la position de la société a évolué positivement ?

« Je pense que pendant les confinements, il y a eu une prise de conscience que l’on n’était pas là que pour faire « enrager son monde » : pour salir les routes, pour pulvériser, etc. Que l’on n’était là pour nourrir la population. Maintenant, on retourne vite dans « les travers » quand on revient à une situation normale mais je pense qu’il y a eu, quand même, une petite prise de conscience de pas mal de monde. »