Le bien-être animal dans les élevages wallons

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Une ou deux fois par an, nous attendons aux nouvelles que des animaux de fermes ont été recueillis par des refuges pour animaux car ils n’étaient pas entretenus par leur propriétaire. Ces animaux sont généralement dans un état épouvantable et font peine à voir. Les éleveurs wallons sont les premiers choqués par ces cas de maltraitance extrême, eux qui exercent leur métier avec passion, pour être chaque jour avec leurs animaux.

Le respect du bien-être des animaux fait partie intégrante du travail quotidien des éleveurs. Aucun éleveur n’a intérêt à ce que ses animaux se portent mal – la rentabilité économique de ses activités en dépend directement ! Il en va de même pour les autres professions qui s’occupent des animaux (marchands, vétérinaires, transporteurs).

« Dans le cas de l’élevage, il y a des rationalités multiples : la première des rationalités pour les éleveurs, c’est vivre avec les animaux et la recherche de leur compagnie, sur laquelle vient ensuite se greffer la rationalité économique, nécessaire pour gagner sa vie. A cela s’ajoutent les rationalités morale, éthiques… »  

Jocelyne PORCHER Sociologue et zootechnicienne française, Directrice de recherches à l’Institut National de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), depuis 2014

Démystifier certaines pratiques d’élevage

Par ailleurs, il faut démystifier certaines pratiques d’élevage qui, mises hors de leur contexte, donnent souvent lieu à de mauvaises interprétations. Par exemple, l’écornage permet aux éleveurs de préserver leur propre sécurité tout en maintenant le bien-être du troupeau. D’autres pratiques, comme la castration des porcs, ont comme objectif de répondre aux attentes des consommateurs. En effet, la viande de porcs mâles (les verrats) dégage une odeur forte qui dégoute de nombreux consommateurs.

Le secteur de l’élevage évolue !

Cependant, il ne faut pas penser que le secteur agricole n’évolue pas. Des recherches en génétiques ont permis de développer des lignées de bovins sans cornes. D’autres recherches travaillent sur l’odeur de la viande de porc, sur les pratiques d’élevage des poulets ou sur des pratiques alternatives à l’abattage en abattoir.

Qu’est-ce que le bien-être animal ?

« L’agriculture a vu le jour il y a 15 000 ans, avec l’apparition de la domestication animale dans le cadre de la production céréalière. La domestication est une relation réciproque dans laquelle l’homme influe sur la reproduction et l’entretien de l’animal, afin de garantir un approvisionnement plus prévisible en denrées alimentaires. »

Extrait du rapport du Sénat Belge – septembre 2017 – « Les 30 ans de la loi sur le bien-être animal en Belgique : état des lieux et perspectives (page 43) 

En Belgique, la législation sur le bien-être animal est régie par la loi du 14 août 1986, relative à la protection et au bien-être des animaux et ses nombreux arrêtés d’exécution.

Cette loi est régionalisée depuis 2015 et, depuis 2018, la Région Wallonne s’est dotée du Code Wallon du Bien-Etre animal qui régit la législation wallonne sur le bien-être animal et modernise les règles qui dataient de la loi du 14 août 1986. 

Les 5 libertés fondamentales de l’animal

Le bien-être animal est souvent traduit par le principe des 5 libertés fondamentales. Pour l’éleveur, le bien-être animal est une préoccupation quotidienne. Être agriculteur, c’est un métier : gagner sa vie de manière juste en veillant au bien-être de son troupeau. En aucun cas, un agriculteur n’a d’intérêt à ce que ses animaux se portent mal. Une bête qui est malnutrie, en mauvaise santé, ne sera pas rentable. Cela n’est donc dans l’intérêt d’aucun éleveur de maltraiter ses animaux.

L’élevage est comme une relation de travail historique aux animaux. Le bien-être animal est une notion intégrée de longue date dans les systèmes d’élevage. Les critiques formulées sont la plupart du temps tronquées et idéologiques. Elles témoignent en outre d’une forte méconnaissance du monde de l’élevage. Le bien-être animal, c’est l’affaire de tous et cela fait partie des préoccupations de la majorité des éleveurs. Vu les attentes sociétales, la prise en compte du bien-être animal est toutefois en évolution. La législation doit désormais intégrer les considérations scientifiques et éthiques. La notion de bien-être animal doit prendre en compte les niveaux physique, mental et naturel.

Jocelyne PORCHER Sociologue et zootechnicienne française, Directrice de recherches à l’Institut National de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), depuis 2014

Veiller au bien-être de son troupeau, c’est un combat de tous les jours, et cela se garantit par le respect des 5 libertés fondamentales des animaux.

  • La liberté physiologique : consiste pour l’éleveur à veiller à l’absence de faim et de soif pour ses animaux.
  • La liberté environnementale : c’est veiller aux conditions de logement dans des bâtis ou un environnement adapté, notamment en termes de température et de protection des températures extrêmes.
  • La liberté psychologique : c’est Faire en sorte que les animaux ne soient pas élevés dans des conditions de stress ou d’anxiété.
  • La liberté comportementale : c’est permettre aux animaux d’exprimer les comportements normaux de leur espèce.
  • La liberté sanitaire : c’est veiller à ce que les animaux ne soient pas malades et ne souffrent pas.

Concrètement …

Dans ce dossier nous vous proposons une série d’information sur les pratiques d’élevage en Wallonie. Quelles sont ces pratiques ? Pourquoi sont-elles mises en œuvre ? Comment sont-elles encadrées par la législation wallonne et européenne ?

Vous trouverez également des liens vers des témoignages d’éleveurs, les mieux à même d’expliquer leur quotidien.