Depuis 1993, Michel Willème est producteur laitier et éleveur viandeux à Saint-Ode. En collaboration avec son équipe, il travaille sur 75 hectares de superficie et possède un troupeau de 210 bovins dont 50 vaches laitières et 38 vaches allaitantes. Depuis 2019, Michel a mis en place une activité de transformation du lait en yaourt et crème glacée gérée par sa fille. Enfin, Michel Willème est représentant des producteurs laitiers au Collège des Producteurs, il est administrateur au MIG et fait partie du comité filière lait de Fairebel.
1) Selon vous, pourquoi est-ce important de mieux faire connaitre votre métier aux consommateurs ?
« Personnellement, je mets beaucoup d’importance à la communication, dans les explications que l’on peut donner, que ça soit au consommateur ou à toute autre personne. Je fais partie de Fairebel, notre travail en tant que coopérateur est aussi d’aller communiquer dans les magasins auprès des consommateurs et cela nous donne l’occasion d’expliquer énormément de choses. Tout ce qui peut concerner notre métier : sur la qualité des produits, tout ce qui tourne autour de la production, quelle soit traditionnelle ou biologique, ou autre. Mais bien entendu, je pense que l’on doit insister énormément sur la qualité de ce que l’on produit. Ici en Belgique, avec toutes les normes que l’on a et qui sont parfois un peu superflues, je pense qu’en tant que producteur, il faut être conscient que de produire de la qualité, c’est très important. Dans la communication, il faut savoir aussi évoquer le problème des produits phytos ou des médicaments qu’il faut utiliser. Ils ne sont pas utilisés par amusement, bien entendu, ils le sont pour des questions, dans le cas des produits phytos, de protection des plantes et de production. Ces produits-là, étant dangereux, doivent être manipulés avec beaucoup de précaution et doivent être utilisés dans les conditions pour lesquelles ils sont faits. Je reviens à l’exemple que j’ai pris avec Fairebel. En magasin, je fais souvent la rencontre de consommateurs qui sont, de leurs côtés, demandeurs d’énormément d’explications parce qu’ils ne connaissent pas le métier d’agriculteur. Pour ma part, je défends l’agriculture familiale car c’est très important, et cela aussi il faut le faire savoir au consommateur. Je pense que dans nos régions, nous avons encore la chance de ne pas encore avoir d’exploitations industrielles même si, parfois, certaines deviennent très étendues. Au niveau communication, encore une fois, le dialogue est très important. Il faut aller vers les consommateurs, il faut leur expliquer, leur parler. Je pense aussi, ce qui est important, c’est de ne pas critiquer les autres produits nécessairement, mais il faut bien expliquer, parfois, que des produits ont une mauvaise image. Je pense qu’il faut une explication calme et tranquille avec le consommateur, et ça passera. Il est vrai que l’on a parfois affaire à des consommateurs qui sont pointilleux et ne connaissent pas beaucoup le domaine, cela énerve mais je pense que notre devoir est de rester calme et d’expliquer tranquillement, de réexpliquer parfois pour qu’ils comprennent le mieux possible. Un sujet important dans la communication, également, est qu’il faut expliquer que les professionnels sont demandeurs de prix corrects pour les produits qu’ils produisent et non d’aides de l’Europe qui trompent le commerce et qui tombent dans la poche de personnes qui n’y ont pas droit. On entretient l’espoir de prix corrects pour la production. »
2) Quel est le sujet sur lequel il vous parait le plus important de combattre les préjugés ?
« Quand on a en face de soi des personnes qui ont des préjugés, qui sont souvent basés sur des mauvaises informations, je pense que c’est là qu’il faut appuyer, bien se concentrer sur la réponse et bien tout expliquer. Les plus grands préjugés sont, en autre, les produits phytopharmaceutiques. Les médias font énormément de bruits là-dessus. Comme je l’ai dit tantôt, oui ce sont des produits dangereux, qu’il faut manipuler avec beaucoup d’attention mais je pense qu’il faut bien expliquer aux gens que si on veut nourrir x milliards de personnes, malheureusement je ne sais pas si on pourra le faire qu’avec de l’agriculture biologique. Et je pense que des préjugés comme cela, il faut bien en discuter. Et beaucoup de personnes le comprennent. Au niveau pratique parfois, j’en reviens aux produits phytopharmaceutiques, je pense qu’il ne faut pas non plus heurter l’opinion publique, c’est-à-dire, il faut respecter les gens. Par exemple, j’ai déjà eu l’occasion de voir des promeneurs qui passent sur le chemin, pendant qu’ils passent, j’arrête de pulvériser mon champ et j’attends. Je pense que c’est de la courtoisie et du respect vis-à-vis des promeneurs. Et je pense que des petits détails comme ceux-là apaisent les préjugés que certaines personnes ont parfois sur certaines choses. Et je pense qu’il faut bien expliquer aux personnes, je ne parle pas seulement des consommateurs mais également des personnes qui voient parfois dans une petite prairie, à côté de l’exploitation, une vache malade qui a l’air de dépérir. Je pense qu’il faut expliquer à ces personnes qu’autour de cet animal, on donne tout ce que l’on peut et tous les soins que l’on peut apporter pour essayer de le sauver quand ils sont en mauvaise posture. Mais malheureusement, l’image de l’animal renvoie l’image d’un animal qui est malmené alors que l’on est en train de le soigner et donner tout ce que l’on peut pour le remettre debout. C’est toujours la communication, le dialogue bien calme qui apportera beaucoup de solutions dans ces cas-là. »
3) Quel est le sujet sur lequel la position de la société a évolué positivement ?
« Peut-être que la société est en train de se rendre compte, je pense, de la production de qualité grâce à toutes les normes que l’on a, grâce au travail que l’on fait dans les exploitations. Je pense que beaucoup de personnes, à l’heure actuelle, se rendent compte qu’il y a sur place, ici en Belgique ou je vais être un peu plus large, ici en Europe, énormément de produits de qualité et ça c’est une grosse prise de conscience à l’heure actuelle. Maintenant, c’est à nous de perdurer dans cette voie et de continuer à produire, de la meilleure manière possible, de la qualité. Je pense que les consommateurs, à l’heure actuelle, commencent à réfléchir et à revenir à des produits de qualité, qui ne sont pas nécessairement toujours locaux car toutes les exploitations ne peuvent pas commencer à se diversifier et à ouvrir un magasin. Cela ne fonctionnerait pas non plus si tout le monde le faisait mais il y a une énorme prise de conscience de ce côté-là et tant mieux pour tout le monde. Sur cette prise de conscience, à l’inverse, certains groupes de personnes, qui pour moi… Je vais citer les végans car ce sont un peu des extrémistes. Moi je respecte ces personnes-là qui veulent consommer végan mais je trouve dommage qu’elles essaient de convaincre tout le monde qu’il s’agit de la meilleure manière de consommer. C’est peut-être dommage qu’il y ait des groupes comme cela qui veulent imposer certaines choses. C’est un exemple, car il y a peut-être d’autres groupes un peu du même genre. Je respecte leur manière de vivre et de consommer mais pourquoi est-ce que tout le monde devrait faire comme cela ?