La lutte contre l’antibiorésistance continue dans les élevages belges avec une réduction record en 2022

antibiotiques_elevage_

A la fin du mois de juin 2023, l’AMCRA diffusait les résultats 2022 du monitoring de la vente et de l’usage des antibiotiques en santé animale. Et pour 2022, ils se sont révélés particulièrement encourageants.

En 2022, la vente d’antibiotiques en médecine vétérinaire en Belgique a fortement diminué par rapport à 2021 : – 24,5 % pour la vente totale, – 36 % pour les aliments médicamenteux avec antibiotiques et – 55,3 % pour la colistine. Ces résultats se traduisent par une réduction cumulative de – 58,2% par rapport à 2011 (année de référence). Une note négative est observée avec une légère augmentation de + 1,1% de la vente des antibiotiques d’importance critique.

L’élevage participe à la lutte contre l’antibiorésistance

Depuis les années 2000, l’opinion publique et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont pris conscience des risques liés à une utilisation trop fréquente et inadéquate d’antibiotiques (=AB). Chaque organisme vivant sur terre étant en interrelation permanente, la santé humaine, animale et environnementale ne forment qu’un tout : c’est ce qui est résumé par le concept « One Health ». Une stratégie mondiale a ainsi été engagée pour lutter contre la progression de la résistance bactérienne. Le secteur de l’élevage s’inscrit lui aussi dans cette stratégie.

Contrôle et utilisation des antibiotiques en élevage

Un agriculteur ne peut jamais administrer un médicament antibiotique de lui-même, ni même sans nécessité vétérinaire avérée.

En Belgique, depuis sa livraison au vétérinaire jusqu’au moment où il sera administré à l’animal, l’antibiotique est suivi à tout moment. Tout emploi d’antibiotique doit être enregistré dans une base de données centrale appelée SANITEL-MED.

Lire aussi : Selon quel schéma sont distribués les antibiotiques en élevage?

Quel impact sur l’alimentation?

Pour éviter d’avoir des résidus d’antibiotiques dans la viande, les abats, le lait ou les œufs, on attribue un temps d’attente aux médicaments administrés aux animaux de rente. Le temps d’attente est le temps à respecter entre la dernière administration de médicaments et la collecte du lait et des œufs ou l’abattage. A l’issue de ce temps d’attente, la teneur en substances actives provenant du médicament est suffisamment basse pour être considérée comme inoffensive. Le temps d’attente est entre autres calculé en fonction de la Limite Maximale de Résidus (LMR). Cette LMR diffère, pour une même substance active, selon l’espèce animale ou le tissu concerné (viande, graisse et peau, foie, rein, lait et œufs). Des échantillons sont prélevés sur la viande et les produits animaux dans la chaîne alimentaire pour s’assurer que les produits commercialisés respectent ces normes.

Diminution encourageante de l’utilisation des antibiotiques en élevage

Au niveau européen, la Commission Européenne s’est fixé pour objectif de réduire l’utilisation des antibiotiques dans l’Union européenne de 50 % d’ici 2030 (stratégie Farm to Fork). Entre 2018 et 2021, les 27 États membres de l’UE ont atteint une réduction de 18 %. Cela représente environ un tiers de l’objectif de réduction prévu pour 2030.

En Belgique, depuis 2011, on a enregistré une réduction de la vente de (AMCRA) :

  • – 58,2 % de l’ensemble des antibiotiques
  • – 83,5 % des aliments médicamenteux contenant des antibiotiques
  • – 82,7 % d’antibiotiques d’importance critique
  • – 89,2 % de colistine

Ces résultats sont encourageants dans l’ensemble car ils montrent une nette amélioration depuis le lancement de l’AMCRA en 2011. Ils confortent l’ensemble des acteurs à continuer la lutte mondiale contre le phénomène d’antibiorésistance. Les acteurs ont décidé de poursuivre les efforts menés depuis plusieurs années et d’aller encore plus loin en définissant le plan Vision 2024 qui renforce les objectifs précédents et en identifie de nouveaux.

Plan Vision 2024 et nouveaux objectifs

Le plan Vision 2024 vise la réduction maximale de l’usage d’antibiotiques, chez toutes les espèces animales et par tous les vétérinaires. Il prévoit de nouveaux objectifs de réduction à réaliser d’ici fin 2024 :

  1. Objectifs de réduction spécifiques à chaque espèce animale au niveau des exploitations et 1 % maximum d’exploitations se trouvant dans la zone d’alarme *,
  2. L’utilisation totale d’antibiotiques rejoindra l’utilisation médiane européenne d’ici 2024,
  3. Utilisation maximale d’1 mg de colistine/kg de biomasse,
  4. Réduction de 75 % d’aliments médicamenteux utilisés contenant des antibiotiques par rapport à 2011.

Un plan de 9 actions a également été définis pour atteindre ces objectifs. Il peut être consulté sur le site de l’AMCRA.

Le secteur de l’élevage belge se montre proactif et responsable sur cet enjeux essentiel de l’antibiorésistance tout en étant conscient qu’il reste du travail pour continuer à améliorer la situation et atteindre les objectifs fixés.

3 des 4 objectifs sont déjà atteints fin 2022. Mais il ne faut pas relâcher les efforts surtout concernant l’usage des antibiotiques critiques qui a montré une légère augmentation entre 2021 et 2022.

Si vous souhaitez vous engager pour une utilisation raisonnée des antibiotiques, inscrivez-vous sur le site : www.antibioticguardians.com

Que vous soyez patient, éleveur, vétérinaire, médecin, … vous y trouverez de nombreux conseils pour réduire votre consommation d’antibiotiques.

* la « zone d’alarme » représente les élevages ayant un usage d’antibiotiques significativement plus important que les autres élevages du même type et qui nécessitent donc un accompagnement personnalisé renforcé.

Pour mieux connaitre la filière d’engraissement des veaux, consultez notre dossier

La filière d’engraissement des veaux