[Chiffres-clé] Le porc wallon, un autre mode d’élevage?

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Pour bien comprendre les enjeux du secteur porcin en Wallonie (élevage de porcs), il est utile de se plonger dans les statistiques agricoles et de replacer la Wallonie dans le contexte plus global de la Belgique, de l’Europe, voire des Pays tiers.

Importance du secteur porcin en Wallonie et orientations d’élevage

Le cheptel porcin wallon représente aujourd’hui environ 6% du cheptel national . Les provinces de Hainaut, Liège et Namur représentent à elles seules 86 % du nombre de porcs produits annuellement (tableau 1).

Le tableau ci-dessous reprends les principaux chiffres du secteur, nombre de porcs et répartition selon les provinces.

Nombre de places* de porcs Belgique Flandre Wallonie  
Total 6.108.077 5.738.154 369.923  
Porcelets   1.521.834 41.963  
Porcs engrais   3.812.626 315.618  
Porcs reproducteurs   416.036 12.342  
Truies   413.246 12.269  
         
Répartition / Provinces (Total)       Proportion
Brabant wallon     23.070 6 %
Hainaut     141.782 38 %
Liège     101.535 27 %
Luxembourg     26.136 7 %
Namur     77.400 21%

* On entend par place de porc, l’espace réservé à un animal, il convient de multiplier ce chiffre par 2,3 pour les porcs d’engraissement, afin d’obtenir le nombre de porcs produits annuellement

Du naissage vers l’engraissement : réorientation historique de la production wallonne

Le tableau 1 montre un déficit de naissage en Wallonie avec une proportion de naissage moindre qu’en Flandre.
L’engraissement représente 85 % du total des porcins en Wallonie et 62 % du total des porcins en Flandre, les truies représentent 3 % du nombre total de porcins en Wallonie et 7 % en Flandre.

Historiquement, ces chiffres s’expliquent par un glissement en Wallonie, du naissage vers l’engraissement suite au développement de la production porcine en Flandre. Cette dernière a eu pour conséquences la manifestation de graves problèmes de pollution des eaux et de l’air ainsi que des épisodes sanitaires qui ont forcé l’abattage d’animaux. En conséquence, les pouvoirs publics flamands ont pris des mesures de gestion des effluents d’élevage (Mestaktie Plan) induisant une limitation, voire une réduction du cheptel, mais aussi la conversion d’unités d’engraissement en unités de naissage de porcelets (production moindre d’effluents dans les unités de naissage). La Flandre a développé des contrats d’engraissement en intégration en Wallonie.

Cette réorientation de la production en Wallonie, est aussi liée au coût à l’installation pour le naissage (> 3 500 € par place de truie) qui nécessite des investissements conséquents. Un soutien des éleveurs naisseurs est un point à envisager pour l’avenir.

Des exploitations de petite taille, avec un fort lien au sol  

La Wallonie compte 7 fois moins d’exploitations que la Flandre, avec 531 et 3.790 exploitations respectivement pour les deux régions, à SAU quasi équivalentes. La taille moyenne d’une exploitation porcine en Wallonie est de 697 places de porcs et de 1612 en Flandre, soit de moitié inférieure à celle des exploitations flamandes (Tableau 2).

Le tableau ci-dessous reprend les caractéristiques des exploitations flamandes et wallonnes en 2017.

  Flandre Wallonie Rapport Wallonie/Flandre
Nombre exploitations 3.790 531 14 %
       
Nombre de places/exploitation      
1 à 124 173 soit 5 % 216 soit 41 %  
125 à 249 221 soit 6 % 38 soit 7 %  
250 à 499 582 soit 15 % 59 soit 11  
500 à 749 511 soit 13 35 soit 7 %  
750 à 999 429 soit 11 % 44 soit 8 %  
1000 à 1499 583 soit 15 % 49 soit 9 %  
1500 et plus 1291 soit 34 % 90 soit 17 %  
       
Taille moyenne des exploitations (nombre de places de porcs) 1612 697  
SAU (ha) 620.380 730.093  
  • Si on se base sur le rapport nombre total de places de porcs/nombre d’exploitations, la taille moyenne d’une exploitation porcine en Wallonie est de 697 places de porcs et de 1612 en Flandre. La taille moyenne des exploitations wallonnes est de moitié inférieure à celle des exploitations flamandes.
  • les exploitations wallonnes sont majoritairement de petite taille, à caractère familial ; 74 % des exploitations possèdent moins de 1000 places de porcs (50 % en Flandre)

La Wallonie garde un lien au sol fort qui permet d’envisager la production porcine en activité principale ou de diversification, avec la possibilité de réaliser des contrats d’épandage pour valoriser les engrais de ferme.

Des modes de production diversifiés

L’élevage de porcs en Wallonie se caractérise aussi par une grande diversité dans les modes de production: 20 % des producteurs et des porcs produits sous label de qualité différenciée Région wallonne et Bio, alors que d’autres font de la sélection (Porc Piétrain belge, patrimoine génétique) ou produisent dans le système classique, dit « standard » mais de taille familiale.

La qualité différenciée répond à un cadre règlementaire wallon fort, qui amène une plus-value au producteur, une valorisation de la production et des contrôles strictes via un organisme certificateur indépendant.

La production de porcs biologiques a un potentiel de développement car la demande dépasse l’offre.

Pourquoi une telle pression sur les prix, pourquoi est-il difficile de gagner sa vie en production porcine ?

La Flandre dispose d’une autosuffisance d’environ 455 % et la Wallonie de seulement 73 %. La production nationale atteignant environ 312 % de satisfaction de la consommation nationale. Cela entraîne que plus de la moitié de la viande de porc produite en Belgique trouve un débouché commercial dans les marchés d’exportation intra ou extra-européens. Cela génère donc une pression sur le prix guidé par les gros producteurs tels que l’Allemagne.

Le contexte économique global pèse lourdement sur nos exploitations. La Wallonie connaît une diminution drastique (- 47 %) du nombre de ses éleveurs ces 15 dernières années, passant de 1.172 éleveurs en 2001 à 551 en 2016. Suite aux difficultés économiques majeures auxquelles le secteur doit et a dû faire face : accroissement du coût des matières premières, mises aux normes bien-être animal, embargo russe. La peste porcine africaine a engendré une nouvelle pression économique sur le secteur.

Que représente la consommation de viande de porc?

La viande de porc reste la première viande consommée en Belgique et représente 60 % du total des autres viandes (en 2016 : 23 kg/habitant sur un total de 40 kg -viande sans les os) :

23,4 kg de viande de porc/habitant/an (viande : 5,8 kg, mélange : 6,7 kg, charcuterie : 10,9 kg)

13,22 kg de viande de volaille/habitant/an (statbel 2016 – équivalent viande)

5,3 kg de viande bovine/habitant/an

autre : 1,58 kg/habitant/an (0,58 kg de viande d’agneau + 0,1 kg de viande de cheval)


Source : SPF Economie de 2017