[Chiffres-clé] Plus de 30% des fermes ont disparu en moins de 30 ans

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La population d’agriculteurs actifs en Wallonie ne cesse de diminuer, les agriculteurs déjà en place depuis des dizaines d’années ont des difficultés pour trouver des repreneurs de leur exploitation, et l’attractivité du secteur auprès des jeunes n’est pas des plus évidentes.

Quelques chiffres pour bien comprendre ce malaise au sein de la population d’agriculteurs wallons.

Plus d’un 1/3 des fermes a disparu en 30 ans

  • le nombre d’exploitations agricoles et horticoles wallonnes est 12 649
  • ceci représente 35,2 % des exploitations belges
  • Le nombre d’exploitations wallonnes décroît de manière continue dans le temps avec taux annuel moyen de -3,1 %,.
  • En 1990, il y avait 29 178 fermes

Ce constat n’est pas neuf et peut s’expliquer par différents critères responsables d’un véritable effet cocktail au sein du monde agricole wallon.

69% des agriculteurs ont plus de 50 ans

Le premier facteur est simplement démographique ; en Wallonie, 69% des agriculteurs ont plus de 50 ans.

Il est intéressant de croiser cette donnée avec l’existence ou non d’un successeur identifié par ces agriculteurs de plus de 50 ans. L’exercice est rendu possible au travers d’une enquête agricole au cours de laquelle, les agriculteurs âgés de 50 ans et plus sont invités à répondre à une question relative à leur succession.

Difficulté de reprise des exploitations

En 2016, à l’échelle de la Wallonie, on observe que sur 100 exploitants âgés d’au moins 50 ans, 21 d’entre eux déclarent avoir un successeur présumé. Le nombre d’agriculteurs ne sachant se prononcer au moment de l’enquête est de 35%.

Cette diminution du nombre de repreneurs est étroitement corrélée au manque de  rentabilité du secteur agricole. Pour illustrer cela, la DAEA a réalisé un calcul sur la rentabilité des exploitations wallonnes spécialisées en viande bovine. Pour l’année 2015, le revenu du travail était positif. Toutefois, ce revenu n’est pas suffisant pour rémunérer le travail familial (salaires imputés). Il manque environ 0,50 €/kg viande fraîche pour couvrir entièrement cette rémunération.

Manque de rentabilité du secteur

Ce manque de rentabilité du secteur explique pour une grande partie la difficulté de nos agriculteurs de trouver un successeur. On peut également préciser que le cercle est vicieux, car le manque de rentabilité du secteur pousse les agriculteurs à augmenter la taille des exploitations, afin de réaliser des économies d’échelle. Mais cet accroissement de la taille de nos exploitations en fait des outils de plus en plus difficile à transmettre, du notamment à la valeur du foncier élevée en Wallonie.

En effet, le revenu annuel moyen du citoyen wallon pour l’année 2016 s’élevait à 16.787 euros brut, contre une moyenne de 14.228 euros brut pour un agriculteur (moyenne 2016-2019). En production bovine, les revenus sont encore plus précaires : pour l’année 2017, un éleveur tirant son revenu essentiellement de son élevage bovin, n’a touché que 345€ par an.

Agribashing, ou quand l’agriculture est exposée aux polémiques

Il reste un dernier facteur dont l’importance semble-t-il est croissante ces dernières années résultant d’une combinaison d’un déficit d’image du secteur accentué par les dernières crises sanitaires, ainsi que la naissance de nouveaux régimes alimentaires abolitionnistes.  Cette combinaison de facteur entraine une inéluctable recherche d’identité de nos agriculteurs au sein de la société. Cette crise d’identité exerce une pression complémentaire sur les épaules des éventuels successeurs se retrouvant souvent sans repère face aux attentes des consommateurs.

Sources

1. DGS : Direction Générale Statistique – 2017

2. DAEA : La direction de l’Analyse économique agricole – 2017

 3. SPW. 2018. Évolution de l’économie agricole et horticole de la Wallonie. Jambes : SPW Éditions, 72 p.

4. source Evolution de l’économie agricole et horticole de la Wallonie 2019 par le DEMNA